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Graphic Designer, un métier en déclin ? Pas si vite...

Publié le:
24-06-2025
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bienjouésitueslàparcequetuvérifiesquecestfaitparlia

La sentence est tombée, et elle est implacable. Selon le Future of Jobs Report 2025 publié par le World Economic Forum, le métier de graphiste ferait partie des 15 professions dont les effectifs pourraient le plus reculer d’ici 2030. Un classement qui risque d’en refroidir plus d’un (et d'en agacer d'autres) — surtout ceux qui pensaient naïvement faire carrière dans la création. Mais sous ce verdict alarmant se cache une vérité moins dramatique — et même, contre toute attente, quelques bonnes nouvelles planquées dans les annexes.

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Sérieusement, est-ce le début de la fin ?

Le métier de graphic designer figure bel et bien parmi les rôles en déclin, en lisière du top 10 des postes les plus en baisse entre 2025 et 2030. Il est désormais classé par le WEF comme un métier à forte probabilité de déclin net, alors qu’il était considéré comme en croissance modérée dans leur rapport de 2023.

Concrètement, cela signifie que les entreprises interrogées anticipent une baisse importante du nombre de graphistes d’ici 2030 – possiblement de l’ordre de plusieurs dizaines de pourcents de moins qu’aujourd’hui. Selon le rapport, ce métier pourrait perdre en pertinence, notamment en raison de 3 tendances principales que nous allons approfondir ici.

Tendance n°1 : l’automatisation par l’IA générative (sans surprise)

L’essor de l’intelligence artificielle générative (avec des outils comme Midjourney, DALL-E, Stable Diffusion) a révolutionné la création de contenus visuels. Le rapport du WEF souligne que la capacité grandissante de l’IA à réaliser des tâches de conception graphique réduit le besoin en graphistes pour les travaux les plus courants.

Cette automatisation touche surtout les tâches répétitives ou standardisées du design (retouches simples, création de maquettes préliminaires, génération d'images photo-réalistes), que les algorithmes parviennent de mieux en mieux à exécuter.

Tendance n°2 : la démocratisation des outils et l'accès numérique élargi (oui... Canva, on parle de toi)

Parallèlement à l’IA, l’évolution des outils logiciels de design joue un rôle majeur. Des plateformes conviviales et bon marché (comme Canva, Figma, ou des vendeurs de “templates” de type Envato, etc.) permettent désormais à un public non-spécialiste de réaliser des créations acceptables sans compétences poussées. En effet, le WEF mentionne explicitement l’effet du « broadening digital access » – c’est-à-dire l’accès élargi aux technologies et ressources en ligne – comme l’une des raisons du recul du métier.

En pratique, de plus en plus de petites entreprises préfèrent créer elles-mêmes leurs visuels à l’aide de ces outils simplifiés, ou utiliser des banques de contenus graphiques prêts à l’emploi, plutôt que de faire appel à un professionnel ou (pire !) de recruter. Cette auto-production facilitée réduit la demande traditionnelle, plus particulièrement sur les projets simples (flyers, présentations, posts réseaux sociaux). Cette libéralisation des outils et des ressources en ligne abaisse le seuil d’entrée du métier et intensifie la concurrence, poussant à la baisse le volume de missions/postes confiées à des graphistes dédiés.

Tendance n°3 : le déplacement de la demande et la transformation du secteur

Les besoins des entreprises en matière de design ont évolué. On observe un déplacement de la demande vers le design numérique interactif et l’expérience utilisateur, au détriment du graphisme statique traditionnel. Là où hier les graphistes travaillaient majoritairement sur des supports imprimés ou des visuels 2D statiques, aujourd’hui les organisations cherchent avant tout à optimiser leurs interfaces numériques, leurs produits digitaux et leur présence en ligne. En somme, la montée en puissance du numérique redéfinit le paysage : le design reste donc crucial, mais il se réalise de plus en plus dans des formats dynamiques et interactifs.

Ce qui nous fait une transition toute trouvée avec un autre point du rapport du WEF : si le graphic design décline, l’UX/UI, lui, se hisse fièrement en 8e position — le même talent, mais avec de plus belles chaussures.

Même pas mort. Le futur du design s’écrit autrement.

Nous l'avons dit, et le Future of Jobs Report 2025 le confirme : le métier de UI/UX designer (designer d’interface utilisateur et d’expérience utilisateur) fait partie des rôles à plus forte croissance. Ouf, le tableau n'est pas si noir !

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Oui, mais cela veut dire que les compétences les plus recherchées en design se déplacent : conception centrée utilisateur, animation, UX/UI, 3D... Résultat : les designers print de production ou spécialisés en social media « classique » à faible valeur ajoutée doivent composer avec une concurrence de profils plus interactifs dans tous les sens du terme.

Dans ce contexte, la fameuse « polyvalence » devient une qualité très convoitée : un graphiste traditionnel est de plus en plus encouragé à se former à l’UX, au motion design ou à la 3D — histoire de rester dans la course, et surtout de pouvoir cocher au moins deux cases sur les offres d’emploi lorsqu'il souhaitera postuler. Le point positif ? En élargissant leurs compétences, les designers continueront de trouver de belles opportunités dans les branches en croissance du design.

Ce que la machine ne sait (toujours) pas faire : Créativité, Stratégie, Storytelling et autres trucs de vivants

D’autre part, les experts insistent sur le fait que certaines compétences purement humaines resteront irremplaçables. L’OCDE notait par exemple que l’IA « ne détruit pas tant les emplois qu’elle ne réorganise les tâches », ce qui implique que les professionnels doivent se concentrer sur les volets non automatisables de leur travail. Pour nous, designers, cela signifie investir les aspects conceptuels, stratégiques et créatifs profonds du métier. La pensée créative, l’innovation, l'esthétique, la compréhension du contexte et des références culturelles et l’empathie sont des qualités que les employeurs continueront de valoriser fortement.

D’après le rapport du WEF, la « creative thinking » (pensée créative) figure d’ailleurs dans le top 5 des compétences clés en 2025 et sa demande va encore croître d’ici 2030. En résumé, si vous enchaînez 15 visuels Insta par jour en mode pilote automatique, sans une once de réflexion ou d’intention… il est peut-être temps de vous demander si vous êtes encore designer. Parce qu’à ce rythme-là, un communicant armé d’un prompt bien tourné pourrait très bien faire le même boulot — et sans même ouvrir Photoshop (no offense Com'Sup !).

Autrement dit, la proposition de valeur d’un designer humain évoluera vers plus de direction artistique, de storytelling, de connaissances stratégiques. Dans le même temps, l’IA nous permettra d'optimiser notre processus en prenant en charge les tâches d'exécution plus techniques, avec une précision de plus en plus bluffante, (voire un brin agaçante).

Créer, et non générer : le pari de la singularité

Enfin (et ça, c’est ma projection personnelle), plus les contenus seront générés à la chaîne, plus l’originalité humaine pourrait redevenir un luxe — reconnaissable, rare, donc précieuse. L’IA ne signe pas la fin du design humain, elle en redessine simplement les contours. Ce qui comptera demain, ce n’est pas de produire plus, mais de créer juste — singulier, pertinent, mémorable.

Attention, ne me faites pas dire ce que je n'ai pas dit ! Cultiver sa singularité, ce n’est pas chercher à être original à tout prix — c’est plutôt affiner ce qui nous rend pertinent, unique et nécessaire.

Guillaume Magnard
Enseignant Permanent
Filière Design Graphique et Digital

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